Mourir à 25 ans et n’être enterré qu’à 75 ?
Vivre une vie entière à craindre l’échec, à craindre les autres, le monde, la vie elle-même ?
Vivre dans la peur de mourir pour finalement, au fond, ne pas vivre vraiment ?
Ne pas sentir l’air remplir tes poumons, ici, maintenant, jamais, car ton attention colle au bruit dans ta tête, aux voix qui prédisent, se souviennent, supposent mille et une histoires sur les autres, sur toi, sur le monde ?
Vivre et revivre les mêmes schémas, les mêmes croyances, encore et encore, tourner en rond sans comprendre pourquoi tu es là, comme ça, apeuré, figé, enfermé, seul ?
Vivre sans savoir qui tu es vraiment, avant tout ça, avant ton statut, tes études, ton boulot, tes relations, tes échecs et tes trophées ?
Vivre sans savoir qui regarde à travers ces yeux, touche à travers ces mains, ressent à travers ce corps ?
Vivre le regard bloqué sur l’extérieur, sur tout ce qui est bancal, mauvais, violent, injuste ?
Vivre sans jamais revenir en toi et comprendre que c’est ici, dans ton coeur, dans ton être que la violence, l’injustice, le mal existe, grandit ou prend fin, s’éteint ?
Non.
On est pas ici pour ça.
Ce que je crois c’est qu’on est ici pour aimer. On est ici pour apprendre à aimer, vraiment, pas aimer-attacher, aimer-garder jalousement, pas aimer-combler, aimer-détester. Mais aimer avant tout, aimer l’autre qui pense autrement, aimer l’autre qui est violent, aimer celui qui m’a blessé car je vois derrière sa violence, derrière sa colère, je vois son acte d’amour désespéré, mal exprimé, déformé par son histoire.
Aimer vraiment c’est aussi refuser. Refuser les systèmes, les croyances qu’on nous propose quand ils sont enracinés dans la confusion, dans la séparation, dans l’illusion d’un amour, d’un bien-être, d’un succès superficiels couvrant seulement un instant le vide laissé par le manque d’amour véritable. Le manque de cet amour qui ne se cherche pas, ne se trouve pas, cet amour qui peut seulement se respirer, se vivre, se goûter, ici, maintenant, en toi.