que j’aime le sol, que j’aime emmêler mes jambes et mes pieds avec mes bras et mes mains, que j’aime m’habiller « n’importe comment » et me sentir à l’aise dans mon absence de style, que j’aime mon bordel qui me rappelle que je vis, je crée et du coup j’ai plus le temps de ranger, que j’aime être libre, femme et libre, libre d’imaginer mon projet professionnel et le réaliser, libre de dire ce que je pense, ce qui me semble important ou trippant à qui je veux, libre de choisir de partir et revenir, libre de boycotter les supermarchés et les pharmacies, que j’aime me sentir responsable de ma vie, remercier pour l’agréable et bénir la douleur qui clarifie mon chemin, me montre du doigt la direction, ce que je veux, là où je vais, que j’aime mes amis qui m’aiment si bien que je le sens tout temps, leur amour, que j’aime mes parents qui m’aiment si fort que j’ai jamais vraiment cru qu’on puisse ne pas être aimé, au fond, que j’aime l’arbre qui me rassure, la forêt qui me protège, que j’aime me sentir bien, parce qu’il s’agit de ça, toujours et avant tout, se sentir bien, que j’aime que j’aime que j’aime…
et puis toi, je t’aime, oui oui, toi, là derrière ton écran, c’est bon parce que maintenant je sais que je t’aime, d’une façon vraie et profonde, avant et après tout ce que je n’aime pas en toi, tous nos désaccords, tout ce qui grince entre nous, tous les endroits où tu me trouves trop ceci puis moi je te trouve pas assez cela, c’est bon de sentir qu’au delà de ça, qu’à partir de là où on se retrouve quand quelque chose de grave arrive, quelqu’un meurt, a le cancer ou la guerre, à partir de cet endroit qui éclaire l’Essentiel, je t’aime, et en plus je sais que toi aussi, tu m’aimes, quand tu es là, proche de toi, je sais que c’est vrai, qu’on s’aime, au fond de tout, et c’est pas rien de savoir ça, je t’assure, ça rassure, ça détend, ça calme le coeur qui avait peur, le miroir qui racontait des histoires, ça apaise tout d’un coup parce si on s’aime malgré TOUT alors plus besoin d’essayer d’être mieux, bien, beaux, convenables, entrer dans des danses pas accordées à nos corps, faire « comme si », faire semblant, plus besoin, ça tombe, tout ça s’effondre et il reste toi, moi, le monde et notre amour, bisounours, et ben non, réalité avant l’illusion qu’on croyait vraie, nature, loi intime, créatrice, la vraie vie, en fait